Qu'est-ce qu'on n'a pas été ?

' Au début on a été séparatistes, indépendantistes, souverainistes, souveraineté-associasionistes... / On a commencé par être existentialistes. Sartre. Camus... / On a lu Marcuse et on est devenu marxistes... marxistes-lénistes... troskistes... maoïstes...

... Puis on a lu Soljenitsyne, alors on est devenu structuralistes, situationnistes... / Féministes / Déconstructionnistes / Y a-t-il un 'isme' que nous n'avons pas adoré ? / Le crétinisme. ' (Denys Arcand, Les invasions barbares)

Denis Desjardins, Gauche, droite, gauche..., 1978

On a beau rigoler...

C'était sérieux, c'était même grave, c'était TRAGIQUE. On le sait maintenant : pendant qu'on agitait le petit livre rouge, qu'on dévorait les citations de Lénine, qu'on rêvait de s'inscrire aux séminaires de Julia Kristeva, l'empire du Milieu brûlait ses icônes, ses livres, ses temples, la Chine saignait, se couchait sur la cendre de ses ruines. ' Il n'existe pas, dans la réalité, d'art pour l'art, d'art au-dessus des classes, ni d'art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d'elle. La littérature et l'art prolétariens font partie de l'ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat...' (Mao Tsétoung, Oeuvres choisies)

'Quiconque veut connaître un phonomène...

...ne peut y arriver sans se mettre en contact avec lui, c'est-à-dire (se livrer à la pratique) dans le milieu même de ce phénomène.' (Mao Tsétoung)

Rémy (Les invasions barbares) le reconnaît : nous étions de prétentieux petits gauchisants, d'une naïveté crasse. Oh, qu'elles étaient confortables, nos révolutions ! Oh, que nous étions bêtes !

' À la fin des années 1970, une jeune anthropologue de Chine est reçue au Canada... L'université a envoyé pour l'accueillir le gauchiste de service. Moi. À un moment, pour faire mon intéressant, j'ai dit comment c'était extraordinaire ce qui se passait dans son pays : 'On envie votre révolution culturelle. C'est formidable.' Je vois ses beaux grands yeux noirs se voiler. Elle se dit que cet individu est ou bien un agent provocateur de la Cia ou bien c'est le pire crétin de l'Occident. Elle avait vidangé du purin de porc pendant deux ans dans une ferme de rééducation par le travail. Son père avait été assassiné. Sa mère s'était suicidée. Et voilà que le plus épais des Canadiens français, parce qu'il avait vu les films de Jean-Luc Godard et lu Philippe Sollers, croyait que la révolution culturelle chinoise était formidable. Dans le crétinisme, mon vieux, on ne pas descendre plus bas. '

Oui, on le peut !

Comme disait l'un de nos anciens dirigeants politiques (que je ne nommerai pas) : Regardez-moi aller, et essayez de me suivre si vous le pouvez !

Ce pourrait être le slogan de la Chine nouvelle (à gauche, les derniers hutongs de Pékin; à droite, la future ville de Pékin - Musée de l'urbanisme) :

Qui dit mieux ?

Comments

[nounouchka]

Cette bêtise envahissante et rampante, qui s'immisce dans toutes les sphères d'activités humaines, s'appelle, si ma mémoire est bonne : technocratie. Avec "connerie" et plusieurs autres mots du genre, on peut créer la classe des mots en "ie" qui rivalisera, j'en suis persuadée, dignement avec les "ismes" que tu as ressuscités.

[Ginette]

Muriel,
J'ai ri «jaune» en lisant ta chronique. J'ai été, à une époque lointaine, fidèle admiratrice de Mao et de sa doctrine et en admiration pour le peuple chinois. Mon appartement de l'époque près de parc Lafontaine était tapissé d'affiches prolétariennes et on ne mangeait que dans des assiettes chinoises! Ce n'est que plus tard que le rêve a fait place à la dure réalité: les paysans chinois crevaient de faim, les prisons remplies de ceux qui ne croyaient pas au parti, un président au goût sexuel insatisable qui violait impunément des fillettes.
Encore aujourd'hui les droits fondamentaux du peuple chinois y sont bafoués mais la roue du capitalisme y tourne à plein pouvoir...
Mais que demande le peuple??