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Chronique d'Elle
19 juin 2008

Splendeur et tremblements

Je voulais voir les grottes de Baoding et les gravures de Beishan, le grand Bouddha de Leshan, apprendre ce que j'ignore : à quoi ressemblait le monde au commencement...

Le 12 mai, à 14:28:04, la nature a fait basculer mes rêves les plus fous. Un séisme d'une magnitude de 7,9 frappe la préfecture de Ngawa, à 90 km de Chengdu, dans la province du Sichuan, provoquant au final la mort de 80 000 personnes et un nombre indéterminé de disparus. Nous n'irons plus au bois... Personne n'a le coeur à chanter. L'annonce de la catastrophe jette l'effroi dans notre petit groupe. Nous sommes à Wuzhen, un village d'eau près de Hangzhou. Le ciel se teinte de pourpre, une lune timide émerge des toits de tuile, l'eau du canal tremble doucement : un villageois retire son filet grouillant de poissons... Une telle beauté, mon Dieu, est-ce possible ? Le temps de dire 'oh' et c'est fini... Le temps d'y penser seulement !

Je ne suis pas superstitieuse, mais je serre bêtement Anka, le minuscule singe accroché à mon sac Kipling (un porte-bonheur, m'avait certifié la vendeuse). On se regarde, on se tait, puis quelqu'un ose LA question : alors, le Sichuan, c'est fini ?

Oui, pour nous - accessoirement - pour eux, définitivement. Qui aurait l'indécence de se plaindre ? Nous sommes vivants, le directeur de notre agence travaille nuit et jour à composer un nouveau circuit qui nous permettra de profiter au mieux de notre séjour en Chine. Au lieu de Chongqing, nous débarquerons donc lundi soir (19 mai) à Kunming, dans la province du Yunnan. Là où la vie continue...

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D'abord Shanghai

Shanghai, ce n'est pas la Chine. Pas plus que New York n'est les États-Unis. C'est une ville monstrueuse et belle. Un gigantesque jeu de Lego, une ville clignotante, une riche prostituée qui se paie un lifting aux six mois (les projets de construction sont si nombreux que la ville refait ses plans chaque année). Shanghai compte actuellement 5000 tours, dont 120 gratte-ciels de plus chaque année et 20 000 chantiers permanents. Le coeur financier de la Chine bat dans ses tours en forme de crayon, d'épée, de barres numériques; les bretelles d'accès à cinq étages vibrent sans relâche; le Bund grouille 'non stop' d'une foule de badauds que des vendeurs itinérants arnaquent sans pudeur et avec une insistance telle qu'on voudrait les gifler (mais leur sourire désarmant nous... désarme), tandis que glissent sur le Huangpu d'incroyables bateaux grimés d'ampoules bleues, mauves, jaunes. Shanghai signifie 'sur la mer'. Et cette mer, comme le ciel qui la surplombe, est d'un jaune boueux.

Shanghai, pour moi, n'est belle que la nuit. Qui a dit (et dans quel film) : C'est beau une ville, la nuit... ?

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Le jour, mon coeur craque pour les vases Ming du Musée de Shanghai et pour la Concession française, le quartier branché de la ville. Maisons art déco, cafés, platanes, pavés, espresso, tout rappelle la belle époque (pour les Français et les riches marchands chinois). À l'angle de ce qui fut la route Garnier, j'apprends que le bar-restaurant à la mode, le Sasha's, était la villa du généralissime Tchang Kai-chek et avait hébergé quelque temps la détestée madame Mao... Qu'y faire ? Le café y est meilleur qu'à l'hôtel, l'ombre des arbres généreuse, le jeune ingénieur néerlandais (notre voisin) fort sympathique, et son enfant gazouille comme seuls savent le faire les bébés eurasiens. Le bonheur, quoi !

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Un bonheur ne vient jamais seul...

C'était trop beau. Comme dit la chanson : On savait, on savait que ça n'allait pas durer ! Un voyage sans petite catastrophe, dites-moi, est-ce possible ? Non, bien sûr.

Comparé au séisme qui se produira cinq jours plus tards, mon malheur n'est rien. C'est, tout au plus, une contradiction qui m'indispose, augmente mon stress. Il faut dire que je n'ai pas dormi depuis trois jours (niet, je vous dis, pas une minute) et que j'ai raté la deuxième journée de mon séjour à essayer de roupiller un peu et à combattre une légère crise de foie. De surcroît, il pleut. Qu'à cela ne tienne. Je sors explorer les environs de l'hôtel, histoire de me dégourdir les jambes et de croquer quelques scènes de rue. Je m'attarde à un kiosque à journaux, je clique, je claque... et hop, je récupère mon parapluie, mon sac, etc. Et je rentre en courant presque car la pluie redouble. L'étui de mon appareil photo ballotte contre ma hanche... VIDE ! Pas la peine de retourner sur les lieux du crime, bien entendu. J'en suis quitte pour ronger mon frein : il me faudra attendre Suzhou avant de trouver un Canon qui convienne à mes aspirations et mon budget. Les photos de Shanghai publiées ci haut proviennent d'Internet (chut, ne le répétez pas !).

Deux choses que je sais

D'entrée de jeu, Sophie, notre accompagnatrice d'origine chinoise, nous met en garde : ne jamais négocier un produit au-delà du bon sens; commencer les enchères à la moitié du prix demandé et conclure l'achat au moment où le prix nous semble raisonnable et SI l'objet nous plaît vraiment. La leçon portera graduellement ses fruits.

Après notre séjour à Shanghai, nous sommes unanimes, Isabelle et moi, en ce qui concerne le sentiment de sécurité généré par la ville. Hormis le désagrément lié au harcèlement des vendeurs itinérants, où que nous allions, nous nous sentons bien. Les Chinois nous inspirent une confiance rarement éprouvée en pays étranger. C'est, déjà, le début d'une histoire d'amour avec un peuple que je commence à peine à appréhender.

À SUIVRE

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Commentaires
M
Captivant et prometteur !
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