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Chronique d'Elle
8 septembre 2008

Splendeur et tremblements (Fin)

Pékin

Une cure de rajeunissement

Olympiades obligent ! En prévision de la tenue des Jeux olympiques, onze nouvelles lignes de métro ont été construites, des routes et des espaces verts se sont ajoutés à l'infrastructure actuelle, des centaines de hutongs ont été sacrifiés à l'élargissement des rues. Le cauchemar des autorités municipales reste la pollution. Pékin étouffe littéralement sous l'effet combiné des gaz d'échappement, de la poussière des chantiers et du charbon, des rejets industriels... On masque la grisaille de la ville en plantant des millions d'arbres, on assainit l'air en fermant les usines les plus polluantes. Plus tard, on imposera un usage restreint des automobiles : les plaques au nombre pair, un jour, les plaques au nombre impair, le lendemain. Et ça marchera... le temps des J.O., tout au moins.

Place Tian'anmen

Vendredi, 30 mai. Le ciel est à peu près bleu et une légère brise souffle sur le plus grand square du monde. Yao, notre jeune guide pékinois, a eu la bonne idée de nous faire visiter la place Tian'anmen en début de matinée car, plus tard, la foule risque d'être trop dense.

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Photo Wikipédia

Pékinois en congé, retraités, provinciaux, vendeurs ambulants qui ne vous lâchent qu'après vous avoir refilé d'affreuses mascottes des J.O... Je dois faire un effort pour imaginer les battements de l'Histoire. Où se tenait Mao Zedong quand il a proclamé la République populaire de Chine en octobre 1949 ? Que sont devenus les Gardes rouges qui avaient l'habitude de se réunir sur la Place en chantant ? Et les manifestants de 1989 qui ont échappé à la répression sanglante ? Combien de ces jeunes qui déambulent en riant près de moi se souviennent encore ? Que leur a-t-on raconté ?

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À qui pense la jeune fille au t-shirt rose ?

Les nouveaux Gardes rouges ?

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Aux abords de la Porte Tian'anmen et de la Cité interdite, la foule grossit, on n'a pas intérêt à traîner.

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Cherchez Isabelle, et non Charlie.

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Photo Claire Lemay

Non, je ne ressens rien...

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Photo Wikipédia

'Imaginez cette scène, il y a 500 ans : au petit matin, à l'heure où résonnent les coups de tambours de Gulou (la tour du Tambour) pour la quatrième veille de la nuit, les mandarins de la cité impériale écartent leurs courtines en soie, font leur toilette, s'habillent et montent dans leur palanquin pour se rendre à l'audience du matin à Gugon, la Cité interdite, ou encore au palais impérial. Un eunuque les guide vers leur place en fonction de leur rang, et ils écoutent leur monarque dans un silence respectueux.' (Guide Gallimard)

Non, je n'imagine rien, je ne ressens rien. Il manque à la 'Cité interdite pourpre' ce qui donne leur prix aux plus grands trésors architecturaux : la présence de ceux qui les ont habités. J'ai beau me rappeler que ce chef d'oeuvre construit au 15e siècle sous le règne des Ming comprend pas moins de 999 pièces, j'ai beau scruter dans leurs moindres détails ces édifices colossaux aux toitures vernissées jaunes, je n'arrive pas à m'émerveiller. J'écoute Yao, j'effleure sans conviction les serres des dragons, les heurtoirs...

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Je jette un coup d'oeil à la salle du trône, attendrie (un court moment) au souvenir de l'empereur déchu cherchant à retrouver l'endroit où il cachait, enfant, son criquet apprivoisé...

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Il me tarde d'atteindre la cour intérieure où logeaient l'empereur, l'impératrice et les concubines. Les éléments architecturaux y sont moins austères, les jardins plus accueillants. D'énormes oiseaux que personne ne connaît (il n'y a pas d'ornithologue dans le groupe) se font une cour effrénée dans les acacias. J'aimerais que le temps s'arrête, je suis lasse des escaliers, du rouge terne des colonnes et des murs d'enceinte, je suis fatiguée d'imaginer ces poteries peintes, ces jades, ces bronzes, ces porcelaines, ces laques que nous ne verrons pas.

Mais le temps, c'est connu, ne s'arrête pas. Je fais taire en moi la grincheuse et je laisse le possible m'atteindre...

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Photo Sylvie Capistran

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YAO par Claire Lemay

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Photo Claire Lemay

... pendant qu'un peu plus loin

de jolis bateaux bleus et blancs glissent sans bruit, ou presque, sous l'ombre des saules.

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Photo prise par Lyse Labelle en 2005

On peut y danser, chanter, mais pas fumer...

À Pékin, les parcs sont les seuls endroits où il est interdit de fumer ! Un paradoxe de plus, et non le moindre, puisque l'on peut fumer sans impunité dans le métro, les ascenceurs, les boutiques, les restos - du moins, pour le moment.

Le Parc de la Colline du Charbon (Jinshan) où nous passons une partie de l'après-midi, est l'un des plus anciens jardins impériaux et l'un des plus beaux de Pékin. Son nom vient d'une colline artificielle créée en 1420 avec la terre retirée de la construction des immenses douves qui entourent la Cité interdite. Il paraît (je n'y suis pas montée) que du pavillon Wanchun érigé à son sommet, la vue sur la ville de Pékin et sur la Cité interdite est superbe :

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Je veux bien... mais rien, à mon avis, ne vaut le spectacle des chanteurs et des musiciens des jardins. Je vous laisse imaginer la cacophonie des chorales improvisées. Il y en a partout, elles chantent a capella ou accompagnées d'un ou deux musiciens. Parfois, un chef d'orchestre tente de discipliner les volontaires, avec plus ou moins de succès. Les fous rires éclatent sans qu'il en soit le moindrement troublé. Dommage, on ne connaît pas les airs, autrement on se joindrait bien à eux.

Mais on peut danser (je l'ai fait), s'essayer au jeu de volants, suivre sans se presser les calligraphes à l'eau, regarder une vieille dame marcher à reculons sur la pointe des pieds...

Et chercher, sans le trouver, le caroubier auquel Chongzhen, 16e et dernier empereur de la dynastie Ming, se serait pendu - après avoir tué toute sa famille - pour ne pas voir la destruction de son palais par les Mandchous. Le dernier souverain maure s'était contenté de pleurer sur Grenade quand il en avait été chassé par les Rois Catholiques d'Espagne. Mais ça, c'est une autre histoire.

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Photo Yvan Saint-Pierre

Mes complices

Je remercie chaleureusement Pierre Rondeau - qui m'a fourni les photos non créditées de la première partie de ce billet - ainsi que Lyse Labelle, Claire Lemay, Sylvie Capistran et Yvan Saint-Pierre dont la complicité me permet de terminer cette chronique avec enthousiasme. C'est peu dire !

La plus longue galerie du monde

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Photo Wikipédia

Près de 8 000 peintures décorent cette galerie couverte de l'ancien Palais d'été de l'empereur Qianlong. Elle fait partie d'un ensemble paysager et architectural où dire qu'il fait bon se promener est un euphémisme.

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Le Bateau en marbre blanc (ci-dessus) était en 1755 un embarcadère. Incendié en 1860 lors de l'agression des troupes franco-anglaises, il fut restauré en 1893 par l'empereur Guang Xu qui le dota d'un pavillon à étage en bois et de roues à aube en marbre sur le côté. Le bateau, tout comme les autres éléments du parc, a un nom : le bateau de la clarté et du confort.

Cixi, la terrible

Le Palais d'été, deux fois détruit, doit sa reconstruction à l'impératrice douairière Cixi (Ts'eu-hi) qui grève pour cela le budget initialement attribué à la construction navale. C'est le moindre des soucis de cette fille de gonfalonier devenue, en 1852, concubine de l'empereur Xianfeng. À la fin de sa vie, elle mène au Palais d'été un train de vie luxueux. Son seul déjeuner, composé de 128 plats d'ordinaire, exige une centaine de cuisiniers et une cuisine de huit pièces. La dernière femme à avoir assumé la régence de l'empire chinois a laissé de piètres souvenirs (sa caution de la révolte des Boxers, entre 1898 et 1901, par exemple), mais elle demeure, pour les historiens tout au moins, une figure fascinante. Décédée en 1908 à la Cité interdite, le lendemain de la désignation de son successeur, Puyi, elle emporta sans doute avec elle les images les plus glorieuses des Mandchous, soulagée de ne pas voir ce qu'elle aurait considéré comme la fin d'une civilisation. Pure spéculation ? Je ne crois pas.

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Pourquoi pas moi ?

C'est exactement ce que je me suis dit en regardant les bateaux dragons quitter sans nous l'embarcadère du Palais d'été. On ne pas tout faire, mais quand même...

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Espace 798 - Dashanzi

L'art contemporain s'embourgeoise

Dashanzi est un ancien complexe industriel au nord-est de Pékin. Ouverte en 1952, l'usine de matériel électronique (appelée usine 798) cesse ses activités au début des années 1990. Jugée insuffisamment concurrentielle quand la Chine s'ouvre à l'économie de marché, elle n'a plus le support du gouvernement chinois. Les vastes entrepôts recouverts de briques rouges ou grises de style Bauhaus sont dès lors à l'abandon, jusqu'à ce que Sui Jianguo, directeur du département de sculpture de l'Académie des Beaux-Arts de Pékin, décide d'y emménager définitivement en 2000. Il devient ainsi le précurseur d'un afflux important d'artistes et de personnes du milieu de l'art.

Attirés par les loyers très bas et l'ambiance calme, propice à la création, de nombreux peintres, artistes en tous genres, s'installent à Dashanzi. Des restaurants s'ouvrent, des boutiques, des galeries, des maisons d'édition, des sociétés de design. Comme il n'y a aucun contrôle des loyers, les coûts de location augmentent à un point tel que de nombreux artistes sont contraints de céder leur espace à des étrangers. En 2006, un couple de jeunes Français rachètent son atelier à une peintre chinoise et le convertissent en une galerie de photos très cotée, la Paris Beijing Photo Gallery. Dans un espace de 8000 mètres carrés, reconstruit selon les normes internationales par les architectes Jean-Michel Wilmotte et Mia Qingyun, les Belges Guy et Myriam Ullens ouvrent en 2007 le premier centre artistique privé de Chine, le Ullens Center for Contemporary Art, où ils exposent les oeuvres chinoises et étrangères les plus représentatives des courants actuels : abstraction, art conceptuel, etc. Dashanzi, le lieu à la mode, s'embourgeoise, s'anglicise (les deux vont de paire), et il semble que ce soit irréversible.

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Guy et Myriam Ullens, fondateurs du Ullens Center for Contemporary Art (Reuters)

Les fameux  frères GAO

Isabelle, qui prépare une thèse de doctorat sur l'utilisation du corps dans l'art chinois contemporain, craque pour les frères Gao. Moi aussi, pour d'autres raisons.

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Gao Zhen et Gao Qiang

Leur galerie donne sur l'allée centrale de Dashanzi. Impossible de la rater. La façade de l'un des murs extérieurs est entièrement recouverte d'une gigantesque mosaïque de photos : une centaine d'hommes et de femmes nus ou habillés, debout, couchés, agnouillés, prostrés, recroquevillés dans des cubicules. Le travail de Zhen et Qiang ne se limite pas à la photo. C'est un ensemble multimédia qui comprend la vidéo, le théâtre, la performance, la peinture et la sculpture.

La plus connue et la plus controversée des oeuvres de Gao Qiang, Miss Mao :

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'Quand j'étais petit, pendant la Révolution culturelle, on nous disait que Mao était la mère de la nation. C'est pourquoi je lui ai mis des seins. Et le nez, c'est comme Pinocchio.' (Gao Qiang, cité par Stéphane Paquet, La Presse, 16 février 2008)

Les frères Gao ont leurs premiers déboires avec la police chinoise quand ils annonçent sur le site internet de l'exposition de Miss Mao à Londres que l'oeuvre serait montée sous peu en Chine. C'est le cadenas sur la porte (comme aux heures sombres de l'époque Duplessis au Québec, au début des années 1940). Ayant signé, en 1989, une pétition demandant la libération du dissident Wei Jingsheng, il ne peuvent obtenir, deux ans plus tard, un passeport leur permettant d'assister à la Biennale de Venise. Ils l'obtiendront en 2003 après l'arrivée au pouvoir de Hu Jintao. Les frères Gao exposent à New York, San Francisco, Berlin, Paris et Londres. Leur célébrité les protège sans doute. Pour combien de temps ?

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Fang Min

On a à peine mis les pied dans la galerie qu'on est fixé : l'artiste se moque de quelqu'un, et ce quelqu'un, c'est NOUS ! Ou lui même. Aucune importance puisqu'on a bien rigolé.

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Le troublant Zhang Xiaogang

L'artiste qui dénonce l'apparente perfection du système chinois, qui montre la fêlure.

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Les briques de Wen Fang

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Shao Yinong, 'Childhood Memory'

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Dashanzi, c'est aussi 'la frustration'

Le temps alloué à la visite de Dashanzi est beaucoup trop court (trois heures à peine). Nous bouquinons dans une librairie d'art où Isabelle déniche enfin les ouvrages qu'elle cherche depuis longtemps. Un restaurant dédié à Andy Warhol jouxte la librairie. D'énormes photos noir et blanc de l'artiste, prises lors de son voyage en Chine, des chaises dans le syle Philippe Starck, une variété incroyable de café, de bières importées, l'ombre d'un arbre, un ou deux clients seulement à la terrasse, la paix... Dommage, il faut partir, c'est un irritant qu'Isabelle, Odette et moi ne sommes pas près d'oublier.

Les hutongs, enfin ce qu'il en reste...

Pékin a beau s'efforcer d'éviter de devenir un autre Tokyo, New York ou Hong Kong, il n'en reste pas moins que de 1990 à 1998, 4,2 millions de mètres carrés de maisons délabrées, dont la plupart étaient des siheyuan, ont été démolies. Yao, qui a grandi dans un hutong (regroupement de siheyuan) fait partie de ceux qui regrettent la disparition de ces maisons traditionnelles qui correspondent davantage au mode de vie privilégié des Pékinois. Il habite une tour à logements ultra moderne, confortable, mais sans jardin... Il rêve d'avoir assez d'argent un jour pour acheter un siheyuan. Un rêve.

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Hutong

Hutong est un mot mongol qui signifie puits. En faisant de Pékin leur capitale, les conquérants mongols y importent leur langue et leur mode de vie. Ils installent partout des puits et des abreuvoirs, hut ou hot en mongol. Les Pékinois, ne pouvant pas laisser sans protection leurs maisons dispersées au milieu de ces abreuvoirs très fréquentés, ferment les petits espaces en séparant leurs habitations par un mur, retrouvant du coup un peu d'intimité. Comme il est interdit de bloquer l'accès à l'eau des hutongs, les nouvelles maisons sont tout simplement adossées au mur du voisin. Peu à peu, naît un réseau compliqué de ruelles qui ne laissent le passage qu'à un cavalier, le hutong.

Qui veut visiter un hutong... en cyclo-pousse ?

La majorité, bien entendu. Yvan et moi choisissons, par pur hasard, la voiture numéro un. Chouette, c'est celle du 'leader' ! Minuscule, une tête de caïd, un sourire ambigü (quel sale tour va-t-il nous jouer ?). Je n'ai pas plus confiance en lui que dans la solidité de son vélo. Trop tard pour changer d'idée. Nous sommes à peine installés qu'il lance un cri, double tous les cyclo-pousse qui nous précèdent, attaque le premier virage avec un art consommé (quel affreux cliché, je sais). Nous avançons de guingois, mais à un rythme soutenu (il faut garder la tête du peloton), frôlant sans les heurter motos, piétons, triporteurs. J'avais tort, nous avons choisi le bon numéro.

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Nous roulons comme ça pendant cinq, sept minutes. Puis, sans préavis, l'homme arrête de pédaler. Il tourne vers nous une bouille rieuse (il lui manque plusieurs dents, ce qui ne m'étonne pas) : 'Stop'. Pourquoi 'stop' ? On est vite fixé. Un homme descend en courant les marches de la maison devant laquelle nous sommes arrêtés. Il tient dans sa main une pompe à air. Un hasard, bien sûr, mais n'empêche... Yvan profite du hasard pour réaliser un rêve d'enfance :

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Et moi je pense aux tireurs de Rickshaws qui amenaient les Japonaises prendre l'air dans les jardins impériaux, au 19e siècle, aux conducteurs de cyclo-pousse de Hanoi, de Hong Kong. J'admire le calme de notre faux caïd, je regarde son chapeau de paille, ses godasses impeccables, et je me demande si sa condition est réellement meilleure que celle de ses prédécesseurs. À la fin de la course, un homme dans la quarantaine, visiblement le propriétaire de la flotte de cyclo-pousse, redistribuera à chacun des conducteurs sa part des revenus. Quelle part ?

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Les jardins secrets

Yao a arrangé pour nous une visite chez Madame Wang, qui habite toujours le siheyuan que sa famille possède depuis plusieurs générations. Impossible de vous dire comment on y est arrivé, tant le réseau de ruelles qui conduisent chez elle est compliqué. Les cyclo-pousse n'y ayant pas accès, on suit Yao, à la queue leu leu. Après plusieurs minutes de marche dans le labyrinthe, on débouche sur une cour carrée, entourée des quatre bâtiments qui constituent la fameuse maison traditionnelle chinoise.

J'ai malheureusement perdu les photos que j'en ai faites. Ce sont celles que je regrette le plus. Madame Wang m'avait permis de photographier la chambre de sa fille. Un privilège dont j'avais sans doute abusé, mais notre hôte n'en avait rien laissé paraître (les visites des touristes rapportent beaucoup). Je revois très bien les lieux. La chambre ouvre sur le séjour dont elle est séparée par des cloisons de bois en partie ajourées. Le lit massif est habillé d'une couverture en soie rouge, il y a des coussins brodés, des bibelots de porcelaine un peu partout, une minuscule table en bambou sert de chevet. Au mur, sur le bureau, des photos de mademoiselle Wang, beaucoup de photos. L'une d'elle me touche particulièrement, elle est tellement... démodée. On dirait une mauvaise photo de studio retouchée. Est-ce bien une photo de la fille, ou celle de la mère 'au temps de ses fiançailles' ? Madame Wang sourit, me répond fièrement : ' This is my daughter. '

La photo de Pierre, bien qu'elle donne une idée approximative du charme de la demeure Wang, m'est très précieuse. Il me suffit de la regarder pour qu'émergent ce que je considère comme les meilleurs moments de mon séjour à Pékin. On est loin de la Cité interdite, et c'est tant mieux.

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Photo Pierre Rondeau

J'aime bien aussi les photos que Lyse a prises, il y a trois ans, dans la cour d'un autre siheyuan. À quelques détails près, ce sont les mêmes arbres et les mêmes cages que nous avons vus chez Madame Wang. Quant aux oiseaux, je suis sûre que les nôtres chantaient mieux !

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Photos Lyse Labelle

Un dernier Ming, pour la route

La visite a failli mal tourner. Pour faire court, disons que Yao avait oublié l'essentiel : l'allée sacrée bordée des statues de gardiens et d'animaux sculptées dans la pierre au 15e siècle. La porte à trois arches, les cours, les terrasses de marbre et les bâtiments impériaux qui constituent le site des 'tombeaux des Ming' ne sont pas sans mérite, mais moi, c'est la statuaire gigantesque qui m'intéresse. Le hic, c'est que l'allée sacrée se trouve à une heure de marche du site principal. Le chauffeur de notre autocar n'a pas le mandat de nous y conduire. Où est le problème ?

Quelques photos de l'allée sacrée

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Photo Yvan Saint-Pierre

De la mer Jaune au désert de Gobi, la plus colossale construction du monde...

La Grande Muraille

Conçue il y a 2 500 ans pour barrer le passage aux cavaliers nomades en quête de butin et de terres à conquérir, la Grande Muraille fascine toujours. À la fin du 18e siècle, subjugué par l'interminable 'serpent de pierre', l'officier anglais Aeneas Anderson affirme que la Grande Muraille 'est l'ouvrage, peut-être, le plus étonnant qui soit sorti de la main des hommes'. Aucun de ceux qui l'ont vue ne diront le contraire !

Escalader ne serait-ce qu'une infinitésimale partie de la Grande Muraille est un 'must' pour tous ceux qui voyagent en Chine. Même Andy Warhol l'a fait, c'est tout dire. Si, de surcroît, le beau temps permet d'avoir une vue illimitée sur les remparts et le paysage dans lequel ils se perdent, vous avez gagné le gros lot ! Les moins bien entraînés prennent le téléphérique jusqu'au premier pallier des remparts et font le reste à pied. Au final, ils pourront dire qu'ils l'ont fait... à leur manière. Certains oseront faire graver leur nom au dos d'une médaille imitant l'or, sous l'inscription : 'I climbed the Great Wall on... (jour de l'ascension présumée).' Une petite tricherie qui ne fait de tort à personne - surtout pas aux vendeurs de médailles. Micheline, qui a pris le téléphérique comme moi, s'est contentée d'une médaille de bronze. Voilà quelqu'un d'honnête !

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Photo Yvan Saint-Pierre

L'eau, le verre et l'acier

L'Opéra de Pékin, l'oeuvre futuriste de l'architecte français Paul Andreu, a failli ne jamais voir le jour. Une campagne de dénigrement, à laquelle adhèrent de nombreux intellectuels et politiciens ainsi que ceux que le projet exproprie, accuse Andreu 'de défigurer le centre historique de la ville impériale, de ne pas respecter l'architecture stalinienne du Palais de l'Assemblée du peuple, de dépenser sans compter l'argent public, de nuire à l'environnement...' (Raphaël Stainville, 'Les fantômes de l'Opéra', Le Figaro hors-série). Bien que les travaux aient déjà commencé, le président Jiang Zenim, cédant à la pression, ordonne une nouvelle étude de faisabilité. Le chantier s'interrompt à l'été 2000, et Paul Andreu doit revoir, à la baisse, le coût de construction du futur Opéra. Finalement, l'oeuvre est inaugurée à la fin de 2007. Et les Chinois l'adorent !

Combien, toutefois, peuvent se payer une place dans le nouveau Théâtre national ? Et au prix de quels sacrifices ?

La photo qui suit est la dernière de cette chronique sur mon voyage en Chine. Je l'ai choisie parce qu'elle symbolise, à mon avis, les mutations profondes de la Chine : son entrée dans la modernité et le rôle prépondérant que les femmes entendent désormais jouer dans son histoire.

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Photo Pierre Rondeau 

Dis-moi, qui sont les Chinois ?

Pour finir, un très beau texte du poète Wen Yiduao (1927) et une mosaïque composée de gens connus, croisés, imaginés, aimés... Le générique, en quelque sorte, d'un film que j'aimerais revoir.

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FIN

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Commentaires
S
Eh bien... Tu as fait la un sacre voyage et un sacre reportage. BRAVO - et merci a toi !<br /> Bisous !
S
Quelle fin! Merci, Flavie, d'avoir partagé avec nous ce grand voyage. La mosaïque finale est très touchante...
Y
La première à la fin du voyage, la seconde à la fin de la chronique. Je remercie Flavie pour sa lumineuse recréation d'un voyage inoubliable. Je ne comprendrai jamais pourquoi j'aime tant la Chine et les Chinois. Commençons par la galerie de portraits de la fin. Je ne connais pas l'espérance de vie d'un tel site, je voudrais qu'il dure plus qu'une saison.
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