Histoire de changer d'atmosphère...
...quelques répliques de films qui m'ont fait rire récemment. À commencer par Un air si pur d'Yves Angelo.
Le contexte
Un médecin et un avocat ont acheté à un fermier des Alpes un château qu'ils ont transformé en maison de santé. Viennent y faire une cure des personnages aussi bizarres, névrosés, les uns que les autres. L'ambiance y est morbide et une série de drames se succèdent, à commencer par la mort d'un patient, bientôt suivie par d'autres, tout aussi saugrenues. Fabrice Luchini y joue le rôle d'un homme cynique (Magnus) dont l'activité préférée est de torturer 'verbalement' un malade aveugle, au visage couvert de pustules... Attitude qui fait littéralement disjoncter la mère d'un enfant dégénéré. Le personnage de la mère (que j'appelle 'ELLE') est interprété par l'actrice polonaise Krystyna Janda, révélée au public francophone par les films de Wajda et de Kieslowski (Décalogue - deux et cinq).
Krystyna Janda
Adorable insolent !
Je parle de Sacha Guitry, bien entendu, car l'autre (le Beaumarchais revisité par Briville et Molinaro) lui doit une bonne partie de ses répliques. Elles ne sont pas toutes historiques, mais qu'importe. J'aime bien celles qu'échangent, un soir où sa pièce a triomphé, Pierre Augustin Caron (Luchini, encore) et l'une de ses plus ferventes admiratrices, la dévergondée Marie-Thérèse Willermaulaz (Sandrine Kiberlain) :
Et ce dialogue entre le roi Louis XV (Michel Serrault) et Beaumarchais :
Anguille sous robe
Chargé par Louis XV d'acheter un document montrant les plans d'invasion de l'Angleterre par la France, Beaumarchais propose un marché au Chevalier D'Éon qui les a en sa possession. Le chevalier, déguisé en femme, s'amuse à le mystifier. Le personnage est joué par la troublante Claire Nebout :
Atmosphère, atmosphère...
Vous l'attendiez celle-là. Qui ne la connaît pas ? On l'a tellement répétée qu'elle n'a plus aucun effet. Du moins, sur moi. N'empêche, je craque toujours pour Arletty et le charme flegmatique de Louis Jouvet. Quand je vais à Paris, il m'est impossible de longer le canal Saint-Martin, à proximité de l'Hôtel du Nord, sans voir la silhouette presque évanescente de Madame Raymonde, sans entendre son protecteur, chic caïd des faubourgs, déplorer d'une voix inimitable que 'son existence n'est pas une vie'.
Dans le film de Carné, on se plaint beaucoup (et pour cause !). Madame Raymonde a fort à faire pour remonter le moral d'un de ses clients (Bernard Blier) qui gagne 'mal' sa vie comme éclusier et donneur de sang :
Ma préférée
La scène se passe dans la chambre à coucher de Madame Raymonde. Lasse d'attendre qu'Edmond lui procure les moyens de changer d'atmosphère, Raymonde a jeté son dévolu sur Trimaux - faute de mieux. L'idée ne plaît pas à Edmond (on a sa fierté, quand même). Après un échange verbal musclé, l'homme use de moyens que l'on devine pour faire comprendre à madame qu'il n'est pas du genre à se laisser ridiculiser :
Pas très orthodoxe, je sais, mais il faut bien rire un peu.