Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chronique d'Elle
26 novembre 2010

Priscilla

S'appelait-elle vraiment Priscilla ? Ou est-ce le prénom que John Thomas Smith lui avait donné ? L'intéressée elle-même y accorda sans doute peu d'importance. Le graveur l'avait choisie pour illustrer les petits métiers de Londres. Elle, pas Abigaïl, parce qu'elle avait quelque chose que la grande perche n'avait pas (il avait dit qu'elle était «typical», ou quelque chose du genre). Pour vingt pennies, elle avait tenu la pose dans un atelier chauffé - un luxe -, bu du thé, du vin... Smith avait corrigé sa posture. Elle ne comprenait pas ce qu'il exigeait d'elle, elle se tenait droite, effleurait à peine le tissu posé sur ses genoux, il n'aimait pas. Sur son banc, dans le petit parc de la rue de Clerkenwell, elle n'avait pas cette raideur. Il lui demandait d'écarter les jambes. Quelle idée ? Il lui versait encore du vin, elle buvait, le sang lui montait à la tête, elle avait maintenant chaud, trop chaud. Son corps s'amollissait, son regard prenait des langueurs. Smith s'agitait, ce n'était pas du tout ça. Où allait-elle chercher ces manières ? Ne pouvait-elle être naturelle, enfin ?!?

0

Priscilla occupée à la confection de quilts dans une rue de Clerkenwell, John Thomas Smith, 1916

1

Femme cousant sur un banc de parc, rue Saint-André, Montréal, 2010

Publicité
Publicité
Commentaires
F
...et par hazard. En naviguant de sites en sites, je suis tombée sur cette gravure de Smith. J'ai fait le lien avec ma «couseuse» qui attendait depuis un bon moment que l'inspiration me vienne. Le fait que l'artiste ait donné un nom à son modèle m'a aidée à lui inventer une petite histoire. Du coup, j'ai réalisé qu'il n'était pas nécessaire d'en dire plus, la juxtaposition des images parlait d'elle-même.
S
C'est en pensant à Smith que tu as cliqué, ou c'est après que tu as fait le rapprochement ? Je suis curieuse...
Chronique d'Elle
Publicité
Archives
Publicité