Dis-moi ce que tu regardes
Jouons à un jeu. Je vous dis mes goûts, et vous, les vôtres. Je parie qu'ils se recoupent.
Paper Moon de Peter Bogdanovich. Pour le duo irrésistible de Ryan O'Neil et sa fille Tatum, les images impeccables de Laszlokovacs.
In the Mood for Love de Wong Kar-wai. Pour l'atmosphère, le jeu de Maggie Cheung, la photographie. En cantonnais, le titre du film, Fa yeung nin wa, signifie « Le temps des fleurs », titre emprunté à une chanson célèbre dans les années 1930.
Grey Gardens. Albert et David Mayles montrent sans complaisance (et avec la complicité des protagonistes) la déchéance de deux représentantes de la grande bourgeoisie américaine, Edith Bouvier Beale et sa fille Edie, tante et cousine de Jacqueline Kennedy. Dès sa sortie en 1975, le documentaire des frères Mayles est devenu un objet de culte. Michael Sucsy en a fait un téléfilm en 2009 avec Jessica Lange dans le rôle de Big Edie (la mère) et Drew Barrymore dans celui de Little Edie. Sucsy ne s'est pas foulé : il a copié la majorité des plans du documentaire et les actrices imitent à s'y méprendre les « vraies ». Ne pas confondre avec l'original.
Mouchette de Robert Bresson. Pour le jeu instinctif et presque animal de Nadine Nortier (Mouchette). Marie Cardinal, terrorisée par le maître, est pourrie. Dans Cet été-là, elle règle ses comptes avec le réalisateur : « Moi qui m'attendais à aider un apôtre, je découvre un négrier. »
India Song de Marguerite Duras. Parce que j'adore Delphine Seyrig et (presque tout) Duras.
Le ruban blanc de Michael Heneke. Une oeuvre inquiétante, géniale, rien de moins.
Villa Amalia de Benoît Jacquot. Un film qui donne envie de tout laisser tomber...
The Saddest Music in the World de Guy Maddin. Les images, toujours les images. Je redécouvre avec bonheur Maria de Medeiros. Isabella Rosselini n'a jamais été aussi rayonnante - c'est son meilleur rôle à mon avis.
Les maris, les femmes, les amants de Pascal Thomas. Rafraîchissant, drôle (Hélène Vincent se lâche complètement), et c'est tourné à l'île de Ré. Je ne vous dis pas le nombre de fois que je l'ai regardé.
Brand upon the Brain de Guy Maddin. Je n'ai pas de mots, sinon « chef d'oeuvre ». Il faut voir absolument.
Le mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder. Pour oublier Querelle. Parce que Fassbinder est un grand cinéaste. Parce qu'Hanna Schygulla est au top de mes actrices chouchou.
Le regard d'Ulysse de Théo Angelopoulos. Sorti deux ans après le siège de Sarajevo (hiver 1992-1993), c'est le meilleur film du cinéaste grec. Harvey Keitel y remplace à pied levé l'acteur Gian Maria Volontè décédé peu de temps avant le tournage. Keitel m'a émue aux larmes.
Le temps retrouvé de Raoul Ruiz. Il faut aimer Proust. Arielle Dombasle, plutôt maladroite et incohérente, m'a fait sourire quand elle rapporte qu'on a comparé Oriane de Germantes à une rose stérélisée. Oriane est jouée par Catherine Deneuve, et la scène en question se déroule en présence de Bloch, interprété par... Christian Vadim. Le rire embarrassé du fils de Deneuve est assez réussi.
The Man Who Wasn't There des frères Joel et Ethan Coen. Billy Bob Thornton, en barbier laconique, est irrésistible. Un film tourné à la manière des meilleurs thrillers des années 1950. J'ai adoré.
Finalement, parmi les films en préparation :
I'm not a Fucking Princess de la comédienne Eva Ionesco. Semi-autobiographique, ce film puise dans le souvenir qu'Eva garde de sa mère, la photographe controversée Irina Ionesco. Isabelle Huppert (une de mes actrices préférées) incarne la mère de la jeune Violetta. L'actrice a déjà nagé en eaux troubles (La Pianiste), on peut s'attendre à tout.