Que sont mes amis devenus ?
Michel, Jacques, mes premiers amoureux. Six ans, l'un blond, l'autre châtain, la raie classique sur le côté, débardeur et noeud papillon, culottes en tweed, courtes comme le veut la mode d'alors. Sur une photo de classe, nous fixons l'objectif, timides et tendus - ce sourire bête qu'on nous impose.
Ginette qui avait caché mes poupées à découper, Danièle qui dessinait mieux que moi mais ne le savait pas. Yolande, mon garde du corps qui prenait les coups de ses frères pour me protéger (ce que j'ai pu abuser de son amitié !). Gisèle, la dévergondée, complice du meilleur et du pire - le pire surtout. Serge, le trop bref fiancé, qui m'a vaccinée à jamais contre la tentation du mariage. Les copains de la troupe de théâtre, les nuits passées à philosopher au Tombeau de Bacchus avec plein de gars dont j'oublie les noms et les visages.
Plus tard, les réunions des groupuscules de gauche - trotskistes, maoïstes, socialistes. Les manif du 1er Mai avec la classe prolétarienne, les marches contre le Bill 63, les rassemblements du Parti québécois, le pays à bâtir (le beau rêve avorté).
Les années 1970. Make love, not war. Sylvia, ma copine de Zurich, ma coloc musicienne...
Sylvia Meierhofer, à gauche, et une amie suissesse-allemande
Puis le mouvement féministe. La complicité avec les femmes - la compétition aussi. Les amours tourmentées, les échecs, les tragédies. L'enfant, les voyages, la vie...