Pianos des villes, pianos des champs *
Le plus beau et le moins controversé des projets de Luc Ferrandez, maire de l'arrondissement Le Plateau : cinq pianos, parrainés par six artistes, occupent tout l'été l'espace public de Montréal. L'objectif visé - créer de petites parenthèses de rencontres et de pauses musicales dans la vie urbaine effrénée - a atteint son but. Difficile de résister à l'envoûtement d'une valse de Chopin, d'une polka, d'une chanson ringarde, qui vous arrivent comme un cadeau, une grâce infinie, à travers les bruits discordants de la ville.
Les artistes Fanny Bloom et Socalled, devant la Bibliothèque du Mille-End. Photo : François Pesant, Le Devoir.
Les petites places réservées aux pianos font aussi office d'agoras : on fait connaissance avec «l'autre», on chante ensemble, on danse parfois. Pas trop mon truc normalement, mais hier j'ai succombé au charme d'une fillette déterminée à extraire d'un vieux piano blanc les plus belles notes du monde : les siennes.
La gamine s'appelle Maïa. Elle ne sait pas jouer du piano, mais elle imite à la perfection les divas. En fait, elle sait jouer.
Et elle chante ! Des comme ça, j'en prendrais douze.
* Initiative inspirée du projet de l'artiste britannique Luke Jerrymam, « Play me, I'm yours » - titre que les Français ont conservé intégralement, bien sûr...