Les paradoxes de Charlotte

Au Québec, les magazines consacrés à l'art ont la vie courte. Pour peu qu'elles s'intéressent à l'art contemporain, c'est la galère assurée. La concurrence est féroce, face aux dumpings américain et européen les nouvelles revues se la cassent systématiquement. Durée de vie moyenne : cinq ans. Il faut les consommer à la sortie du four - du moins celles qui osent l'aventure sans préjugés formels.

C'est le cas de Décover qui propose à ses lecteurs de s'évader et grandir avec les pratiques émergentes. La revue met l'accent sur l'art urbain, sans contrainte de genres : peinture, sculpture, photomontage, illustration, graffiti. Il s'agit surtout d'une vitrine pour les artistes d'ici. Aucun article de fond, mais des portfolios (dix par édition) qui sont en quelque sorte des cartes d'invitation, des codes d'accès à un univers toujours dépaysant.

Alan Ganev, Buble

Charlotte Greenwood

Greenwood a fait ses classes au College of Art and Design de Londres. Après avoir complété sa formation en sculpture, elle s'établit à Célas, en France, où elle se consacre à la peinture. En 1996, elle retourne à Londres, sa ville natale. La télévision et le cinéma l'occupent intensément pendant 12 ans. Maquillage de prothèses, sculpture, conception de maquettes. Elle fait partie de l'équipe des effets spéciaux sur le film Harry Potter à l'école des sorciers, puis collabore aux films James Bond et Troie.

Émigrée au Canada en 2005, Charlotte Greenwood se dit fascinée par les extrêmes et la coexistence harmonieuse ou conflictuelle des moteurs régissant les comportements humains : la liberté, le contrôle, la perfection, l'imperfection, la cupidité, etc. Bref, elle se nourrit de nos paradoxes, et l'univers dichotomique qu'elle donne à voir provoque une émotion toujours inconfortable. Francis Bacon n'est pas loin.

Dame Justice

Le Festin Amer

L'Extase aveugle, détail

Francis Bacon, Trois études de corps humains, 1970