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Chronique d'Elle
13 janvier 2010

Pour saluer Éric

Il ne pleuvait pas, mais le vent, sur l'estacade qui surplombe la mer du Nord, annulait l'effet du soleil. Je tenais ma casquette des deux mains. Geignant contre le sable que je n'avais pas réussi à enlever. Mes chaussettes piquaient, j'avais soif, je boudais le charme d'Ostende. Denis restait stoïque. Je crois même qu'il était de bonne humeur. À la terrasse, on nous a servi une Kwak avec son support. Un socle énorme, pas très élégant, mais la bière m'a calmée. La mer, elle, restait déchaînée.

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Après la baignade (les jambes seulement, la mer du Nord est glaciale même en juillet), nous avons marché sur la Digue. Lentement, presque en silence. Nous nous tenions la main, je crois...

Nous nous dirigions vers Leopoldpark en quête d'un resto sympa quand je l'ai vu. Pas lui, bien sûr, mais son nom et sa photo dans un vieil article du Monde. Une copie gonflée par l'humidité, collée dans la vitrine d'une boutique en rénovation.

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« Tu trouves pas qu'il a une tête de calviniste ? », j'ai dit à Denis. Il ne trouvait pas. Et c'est reparti.

Je n'aime pas le mot, mais c'est un fait : Denis est un rohmérien authentique. Il a vu tous les films de Rohmer, les a aimés (sauf un ou deux), les a analysés pour la revue Séquences*, a même entrepris, jeune adulte, de faire un remake d'une scène de Ma nuit chez Maud. La fameuse séquence de la place de Jaude, à Clermond-Ferrand, où, un soir glacial de décembre, le personnage principal joué par Jean-Louis Trintignant aborde Françoise (Marie-Christine Barrault) qui s'apprête à enfourcher son scooter, sans égard à la chaussée enneigée...

« C'était en juillet, le soleil plombait la place de Jaude. J'étais à deux pas de la statue de Vercingétorix. Deux jeunes Clermontoises s'apprêtaient à traverser la rue. Je les ai réquisitionnées sans trop de difficulté. Elles n'avaient jamais entendu parler de Rohmer... Après la séance de photo, j'ai cherché l'immeuble où Jean-Louis avait vécu sa fameuse nuit avec Maud. En vain. J'ai appris plus tard que cette scène avait été tournée en studio. Mais le café Le Suffren, où Trintignant avait retrouvé son vieil ami Vidal, était encore là, au 48 place de Jaude. Il y est toujours... »

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De nouveau le silence. Puis on s'est remis à marcher.

- Parlant de café, si on le prenait ici, c'est plutôt sympa, non ?
- D'accord. Après, on ira voir les masques d'Ensor, le musée est tout près de Louisastraat, on ne peut pas quitter Ostende sans avoir vu Ensor, non ?
- T'as raison, on peut pas.

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Musée James Ensor : la salle de séjour du peintre

* L'article de Denis sur le cinéaste décédé avant-hier paraîtra dans le prochain numéro de Séquences.

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Commentaires
M
MERCI BEAUCOUP !
Chronique d'Elle
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