L'artiste « aux mille tours »

La jeune trentaine, l'air d'un ange. Sa photo de presse le montre à plat ventre sur le parquet, ses feuilles de dessins rangées devant lui - comme autant de soldats de plomb dont il aurait gardé la nostalgie. On l'imagine se mordillant la lèvre et balançant les pieds comme un enfant. Comme on se méprend ! L'oeuvre de Marcel Dzama, malgré sa facture séduisante et son apparente futilité, est tout sauf candide.

Dzama a donné à son exposition un titre homérien, Aux mille tours, tiré du prologue de L'Odyssée dans lequel Ulysse est présenté comme étant « Polytropos », l'homme aux mille tours. On ne voit pas le rapport avec le héros grec, sinon que ses dioramas, sculptures, installations, aquarelles et encres puisent à une variété de sources artistiques et littéraires allant de Marcel Duchamp, Nosferatu, Dante, aux illustrations de livres pour enfants du début du siècle dernier. Dzama voue une passion obsédante aux ballerines. Mais les belles sont cagoulées et armées de kalishnikov. Ses personnages, souvent mutilés, saignent, éjaculent, urinent...

Et on ne peut s'empêcher de regarder derrière la porte.

Le Musée d'art contemporain de Montréal n'endosse pas les fautes d'orthographe...

Le Minotaure, 2008

L'artiste dans son atelier : un ange, décidément...