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Chronique d'Elle
21 mars 2008

Ces choses-là arrivent vraiment !

On n'y croit pas, mais on joue le jeu. On le brise avec le détachement des adultes revenus de tout, amusés tout au plus si le petit morceau de papier promet un regain amoureux, une promotion trop longtemps attendue...

Et quand le hasard coïncide avec la réalité ?

Samedi dernier, je déjeunais dans un restaurant chinois avec les personnes qui m'accompagneront en Chine en mai prochain. Comme le veut la coutume, le serveur nous a remis l'incontournable fortune cookie en même temps que le thé et l'addition. Pour une raison que j'ignore, j'ai décidé de conserver mon petit sablé. Un automatisme venu de mon enfance (cette habitude que j'avais de 'garder pour la fin' le glaçage du gâteau à l'érable) ? L'intuition que le secret caché dans le biscuit exigeait un rituel sérieux ? Quoi qu'il en soit, j'ai différé le plaisir de rompre le sourire sucré (intact, le fortune cookie arbore un sourire équivoque, vous ne trouvez pas ?). Ma patience m'a servie :

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Ça valait une photo, non ?

Quelque chose de plus troublant

Dans le passage qui précède sa rencontre avec Nadja, André Breton dit :

' Il y aurait à hiérarchiser ces faits, du plus simple au plus complexe, depuis le mouvement spécial, indéfinissable, que provoque de notre part la vue de très rares objets ou notre arrivée dans tel et tel lieux, accompagnées de la sensation très nette que pour nous quelque chose de grave, d'essentiel, en dépend, jusqu'à l'absence complète de paix avec nous-mêmes que nous valent certains enchaînements, certains concours de circonstances qui passent de loin notre entendement, et n'admettent notre retour à une activité raisonnée que si, dans la plupart des cas, nous en appelons à l'instinct de conservation. '

L'expérience que j'ai vécue cet été-là (j'oublie la date exacte), est, à bien des égards, conforme à ce que Breton appelle un 'événement surréaliste'. L'enchaînement et la coïncidence des faits, leur nature même contribuent à leur étrangeté. Dans le moment où ils se produisent et, compte tenu de l'absence de lien logique avec les circonstances où ils ont lieu, ces faits provoquent rien de moins qu'un CHOC. Y aurait-il une explication au 'phénomène' que l'esprit n'en serait pas pour autant apaisé. D'ailleurs, il ne le veut pas...

J'aimais passionnément Louis, de cet amour propice aux concessions les plus folles comme de regarder une émission de télé portant sur les moeurs des scarabées ou la petite histoire du criquet anglais... L'été commençait, une brise gonflait le rideau de l'unique fenêtre de notre petit salon. Ma tête reposait sur la cuisse de Louis - tiède coussin musclé qui se tendait parfois sous ma nuque. Sa main, dont j'adorais la paume, caressait mes cheveux, mes joues... À un moment donné, j'ai eu envie de la porter à ma bouche. Au moment de la saisir, j'ai été frappée par un détail que je découvrais pour la première fois : les deux derniers doigts étaient joints ensemble dans leur partie inférieure. Mon coeur s'est mis à battre très fort. Louis vivait chez moi depuis sept mois et je n'avais jamais remarqué cette anomalie. Comment était-ce possible ? En la bougeant légèrement pour mieux l'observer, j'ai vu que la main de Louis était tout à fait normale. À quoi était due cette illusion d'optique ? Seul un élément d'ordre physique (l'éclairage, peut-être) pouvait expliquer cette illusion. J'en suis restée là.

Une dizaine de minutes plus tard, je m'allongeais sur notre lit et reprenais la lecture de Nadja que j'avais négligée les soirs précédents.

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Mon signet marquait la page 74 et le passage suivant :

'À Lille dont elle (Nadja) est originaire et qu'elle n'a quittée qu'il y a deux ou trois ans, elle a connu un étudiant qu'elle a peut-être aimé, et qui l'aimait. Un beau jour, elle s'est résolue à le quitter alors qu'il s'y attendait le moins, et cela 'de peur de le gêner'. C'est alors qu'elle est venue à Paris, d'où elle lui a écrit à des intervalles de plus en plus longs sans jamais lui donner son adresse. À près d'un an de là, cependant, elle l'a rencontré par hasard : tous les deux ont été surpris. Lui prenant les mains, il n'a pu s'empêcher de dire combien il la trouvait changée et, posant son regard sur ces mains, s'est étonné de les voir si soignées (...) Machinalement alors, à son tour, elle a regardé l'une des mains qui tenaient les siennes et n'a pu réprimer un cri en s'apercevant que les deux derniers doigts en étaient inséparablement joints. 'Mais tu t'es blessé !' Il fallut absolument que le jeune homme lui montrât l'autre main, qui présentait la même malformation. Là-dessus, très émue, elle m'interroge longuement : 'Est-ce possible ? Avoir vécu si longtemps avec un être, avoir eu toutes les occasions possibles de l'observer, s'être attachée à découvrir ses moindres particularités physiques ou autres, pour enfin si mal le connaître, pour ne même pas s'être aperçue de CELA !'

Le cri que j'ai poussé a dû être horrible car Louis a surgi dans notre chambre en moins de deux. Je tremblais, je secouais le livre. Mes propos devaient être complètement incohérents. Voyant que je n'étais pas blessée, Louis m'a prise dans ses bras pour me calmer. Mon coeur battait contre le sien, ba da boum ba da boum...

Il bat toujours aussi fort, quand j'y repense. Et je cherche toujours à comprendre quelque chose qui ne relève pas de la logique.

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Commentaires
M
Chère Flavie,<br /> C'est justement l'aspect irrationnel de ce type d'événement qui lui donne tout son charme. On peut à la limite lui prêter le sens que l'on veut. Comme disait Cocteau : Puisque ce mystère nous dépasse, feignons d'en être l'organisateur...
S
... Quel mystérieux événement! Je ne sais que dire d'autre...
Chronique d'Elle
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