Quoi de neuf ?

La pire des questions, surtout quand la réponse est : RIEN. Non, je ne vais pas vous la faire tragique. Une petite routine, par ces temps de malheur, c'est plutôt une bonne nouvelle. Cela dit, toutes les routines ne se ressemblent pas. On ne se lève pas tous du même pied - métaphoriquement non plus. Moi, par exemple...

J'ai horreur de m'extraire au petit jour de la torpeur du lit*. Donc, je me lève tard. Je n'allume pas forcément la lampe, sauf si je n'arrive pas à trouver mes chaussettes, comme c'est le cas ce matin.

De mon alcôve, les premières choses que je vois sont les photos noir et blanc sur le mur du séjour. Ma préférée est un montage réalisé par Wanda Wultz en 1927 (deuxième photo en partant de la droite).

Laissez parler les petits papiers

Je l'ai toujours fait, et ça ne risque pas de changer : je colle tout et n'importe quoi sur mon frigo. Besoin archaïque de marquer son territoire, de laisser une trace - SA trace ?

Besoin, surtout, de transcender par la poésie l'expérience immédiate, limitée.

Pendant que le café s'égoutte, je fais l'inventaire des objets que j'aime. Leur banalité même me réconforte. La clochette, achetée dans une boutique du lac Brome si ma mémoire est bonne, me rappelle celle que tante Dolorès agitait pendant ses crises de foie - le signal qui faisait accourir Ghislaine dans sa chambre et qui nous précipitait, Elaine et moi, au jardin. Inconscientes ou ingrates - les deux à la fois sans doute, comme le sont les adolescentes. Quant aux magnets, une habitude de gamine dont a hérité ma fille. Ou est-ce l'inverse ?

« Grout en Klein », un souvenir de Barcelone. J'adore la dégaine de cette actrice dont le nom m'échappe. Un mélange d'Arletty et de Carol Burnet.

Tous les jours, invariablement, je prends mon petit déjeuner face à la fenêtre. Je classe, par ordre prioritaire, les listes de choses à faire. Exercice purement formel car je respecte rarement mon agenda. Je suis une femme infidèle.

Tous les jours, je regarde se métamorphoser le boisé de l'Oratoire Saint-Joseph. Aujourd'hui, le dôme oxydé a pratiquement disparu derrière les flocons de neige.

Je termine habituellement mon café à ma table de travail. Courriels, blogues, recherches sur le Net... Puis lecture au salon.

De mon coin de lecture préféré, la causeuse, je peux voir - pendant les pauses que je m'accorde - le pseudo fauteuil Art déco dont je n'arrive pas à me débarrasser (même ma fille n'en veut pas).

Mes soirées se terminent souvent par le visionnement d'un film. Ce soir, je revois « Un été inoubliable » de Lucian Pintilie.

Ce que je fais ensuite ne regarde que moi.

* Pierre Philippe, Heureuse.

Comments

[M'sieur Dédé]

Charmante visite. Ça donne envie d'aller voir de plus près...

[Anonyme]

Ta chronique me porte au rêve d'un écart nul entre ton intérieur et toi. L'image e l'Oratoire vaut l'un de tes mots.

[Sophie C.]

Mmm, un film avec la belle KST : inspirant!
Mais surtout, quel plaisir que de découvrir ton intérieur. Il est joli et soigné : je n'en attendais pas moins! Merci pour ce rideau ouvert sur les coulisses de ton quotidien...