Les toqués

La plus toquée de toutes c'est Juliette. Toquée et frustrée. En fait, elle l'était jusqu'à ce qu'elle décide d'ouvrir son bar de chocolat à boire. Pas n'importe quoi, du chocolat comme ceux que sa grand-mère brésilienne préparait : épais, velouté et parfumé. Munie de ses diplômes de chocolatière et de maître crêpière, Juliette a sillonné les routes de l'Argentine, de la Syrie, de la France et des États-Unis avant de choisir de s'installer à Montréal. C'est ici qu'elle a ouvert sa première boutique, Juliette et Chocolat. Il y a maintenant trois restaurants où les accros au chocolat peuvent sans rougir succomber à leur passion.

Les autres toqués : les serveurs de Juliette et Chocolat. Pas très seyant le couvre-chef, mais personne ne s'en plaint : la maison offre de quoi compenser «l'inconvénient».

La dernière toquée, au sens littéral, c'est Bibi. J'ai passé vingt minutes à essayer de me convaincre qu'une robe de la boutique Olam m'allait bien, m'irait bien, plutôt, si je demandais à ma modiste d'enlever un peu de tissu ici, d'ajouter des pinces là, de supprimer le bouillonné... Au découragement de Chloé dont aucun argument n'avait raison de mon entêtement. Soulagée, tout de même, quand j'ai renoncé à faire une folle de moi. C'est elle qui m'a proposé de l'accompagner chez Juliette. Mon Dieu, j'adore cette enfant !

En attendant les profiteroles, Chloé teste mon nouvel objectif. J'essaie d'être naturelle - pas évident. Je fredonne Ces petits riens de Gainsbourg. Ça pourrait être autre chose. Ça n'a aucune importance.